dimanche 24 septembre 2017

J'irai au bout du Monde

La cloche a sonné, nous n'avons plus une paire de chaussettes propres. la première mission de la journée sera de trouver une laverie pour faire face au désarroi de la dernière
chaussette. Nous pouvons comme toujours compter sur la bienveillance des Canadiens qui nous indiquent où aller. Et c'est exactement sur le campus de Gaspé que nous nous retrouvons. Il y a une laverie dans la résidence étudiante. Nous allons demander s'il est possible de l'utiliser, le charmant personnel nous répond que nous pouvons faire ce que nous voulons, ce qui est privé est fermé à clefs et que tout le reste est accessible pour nous. Pendant que Ptit Babzouk fait l'école à l'intérieur du camion, je reste dans la résidence à observer aller et venir tout ce petit monde. Et il faut bien avouer qu'il doit y avoir bien pire pour étudier qu'ici. Tout le monde paraît bien détendu, entre ceux qui déambulent pieds nus, ceux qui s'allongent sur les transats dehors pour lire, ceux qui boivent leur café sur les tables balancelles. C'est bien cool de les regarder et discuter avec. Un couple de Suisses vient aussi pour faire sa lessive. Ils sont intrigués par le fourgon et viennent discuter avec nous. Eux voyagent 6 semaines dans la province de Québec mais en voiture de location et dorment dans des hôtels.
Depuis que nous sommes en Gaspésie, la barrière de la langue n'étant plus un handicap nous croisons énormément de Français qui sont là en vacances pour quelques semaines.

Une fois nos corvées de lavage terminées nous pouvons prendre la direction du Parc Forillon. En route, nous nous arrêtons au centre d'interprétation Mi'Kmaq. Un centre d'interprétation est l'endroit où des guides, des conférenciers ou autres nous font partager leur savoir dans le domaine qui les concerne. Là en l’occurrence, nous sommes sur le territoire des Indiens Mi'Kmaq. Jouxtant les locaux administratifs de la communauté il y a un petit musée que nous visitons et nous attendons David, notre jeune guide qui va nous faire découvrir sa Nation d'hier à aujourd'hui, son occupation du territoire Gaspésien, son histoire et sa culture. Ici les Mi'Kmaq ne vivent pas dans une réserve, ils vivent comme chaque Canadien, mais ont des droits ancestraux notamment concernant la chasse et la pêche. Ils ont également en plus de l'école traditionnelle l'école Mi'Kmaq qui leur enseigne les danses et coutumes.
David va nous envelopper dans son monde en nous montrant la fabrication des wigwams, ceux pour l'été et ceux pour l'hiver pendant que nous sommes très confortablement installés sur nos peaux de phoques à l'intérieur de l'un d'eux. La différence entre un tipi et un wigwam est que l'un est recouvert de peaux: le tipi et le second d'écorce de bouleau: le wigwam.
Nous allons découvrir la vie à l'intérieur du campement sur les 4 saisons d'une année. Les techniques de chasse, la cuisine, les rapports respectueux avec la nature et les animaux. Toute la vie de ces Indiens reposait sur l'observation de la nature et des animaux pour ensuite tout reproduire à l'identique. La visite est passionnante, David un excellent passeur d'histoire. Nous pouvons toucher à tout pour nous rendre compte et Ptit Babzouk prend son premier cours de maniement de l'arc Mi'Kmaq! Nous repartons avec des chants de Pow wows que nous écoutons depuis à chaque trajet.

L'après-midi s'est écoulée rapidement, il est maintenant un peu trop tard pour aller fouler les sentiers de randonnées du parc. Nous irons demain! Nous n'avons pas de nouvelles des copains, le réseau étant très médiocre ici. Nous en profitons d'ailleurs pour vous dire que ce satané réseau ne nous permet pas toujours de répondre individuellement à tous vos messages systématiquement, mais nous les recevons bien tous pour notre plus grand plaisir :-)

Nous nous replions sur l'anse des rosiers pour passer la nuit sur le parking d'un vieux garage désaffecté, pas loin des sublimes habitations qui longent la côte sans que ça dérange qui que ce soit (comme d'habitude!). Nous sommes une nouvelle fois face à la baie et nous pouvons observer jusqu'à la nuit le ballet des très nombreux mammifères marins que nous voyons distinctement à l'oeil nu. Par contre pour prendre des photos et vous montrer ce spectacle divin il nous faudrait un téléobjectif que nous n'avons malheureusement pas. Il vous suffit donc de nous croire ou mieux encore de venir voir avec vos propres yeux :-) Il en va de même pour chaque recoin de la péninsule, les paysages, les maisons....Il nous faudrait nous arrêter tous les 100m pour tout photographier!
Le phare de l'anse des rosiers
L'école faite le lendemain matin, nous retournons au Parc du Forillon, et qui est garé sur le parking du départ de la randonnée pour le bout du monde?
Les copains! Qui eux doivent déjà être en marche!

Nous préparons pique-nique, jumelles et sacs avant d'attaquer la randonnée qui va au bout du Cap Gaspé en quelques 7km. De nombreux panneaux  sur la présence d'ours nous mettent en garde. Et nous aimerions bien en croiser quelques uns (pas trop près non plus!). Le sentier nous fait traverser des paysages de forêts, le bord de la côte avec de sublimes petites criques aux eaux cristallines ou nagent de très nombreux phoques que nous pouvons regarder sans nous lasser. Après quelques centaines de mètres, nous croisons les copains qui eux sont sur le retour. Nous nous donnons rendez-vous ici ou ailleurs, aujourd'hui ou demain. Nos rencontres au hasard rythment nos journées et c'est toujours avec joie que nous nous retrouvons. Pas d'ours de vus pour eux, mais porcs-épics et de nombreuses baleines. La dame à l’accueil du parc nous avait prévenus que c'était le temps idéal pour l'observation des mammifères marins au bout du cap. Pourvu que.....









Après seulement quelques centaines de mètres du départ, nous commençons à croiser des excréments d'ours, beaucoup d'excréments. Nous sommes à ne pas en douter sur leur territoire et ils doivent être nombreux!

Mais pas de nounours croisés jusqu'au Cap Gaspé, encore raté pour ce début de randonnée!!


Phoquinou dans l'eau!














L'arrivée au cap Gaspé nous offre un panorama somptueux sur l'intégralité de la baie.


Le spectacle des baleines à bosses est bien au rendez-vous. Il y en a des dizaines qui sortent à intervalles réguliers pour souffler de grands jets d'eau.




Nous avons notre écran de télé grandeur nature pour le pique-nique. Les petits points noirs sur les photos sont bien des baleines. Il nous reste ensuite encore quelques centaines de mètres pour arriver au bout du monde. Mais avant d'attaquer le sentier de la descente, nous entendons un bruit étrange. Comme si quelque chose tapait sur du bois. Un ours contre un arbre? Et puis par dessus des cris de "help!". Merde un ours qui s'en prend à quelqu'un! Mais ça c'est dans les films, la réalité est qu'une dame est coincée dans les toilettes sèches un peu plus haut...... Zut!



Le sentier descend tout le long de la falaise jusqu'à la fameuse plateforme qui surplombe l'eau.





Il y a encore des colonies de phoques à observer tout comme leur curiosité les pousse à nous regarder nous. A croire qu'ils seraient presque tentés pour venir nous trouver!




Pour le retour, nous empruntons la route forestière plutôt que le sentier. Nous voyons un petit attroupement au pied d'un arbre. Les gens sont en train de regarder un porc-épic qui grignote ses  feuilles. Nous ne savions pas que ça pouvait grimper ces bestioles. Sans savoir ce que c'est nous pouvions même penser à un ourson.
En discutant avec les personnes attroupées ici, nous apprenons qu'un ours vient d'être vu sur le sentier juste derrière. Et un peu plus loin, un groupe qui s'avance sur le chemin en face de nous nous dit qu'ils viennent d'en croiser un juste un peu plus loin. Nous prenons le chien dans nos bras au cas ou et nous arrêtons à la hauteur de l'endroit où ils l'ont croisé. Et effectivement nous entendons distinctement quelque chose de gros marcher derrière les buissons. Mais ils sont tellement denses que nous ne voyons rien. Nous restons silencieux un bon moment, rejoints par d'autres personnes.....mais rien ne se présente à nos yeux! Encore dommage! Tout le monde les aura vus sauf les copains et nous :-(




Et hop un nouveau porc-épic tout proche du parking celui-là, il continue sa petite vie pépère sans être moindrement inquiétés par les allées et venues des visiteurs.





Cécile et Rodolphe nous ont laissé un mot sur le pare-brise pour nous dire qu'ils partent à quelques kilomètres  pour une animation sur les castors dans le parc. Nous partons en direction de l'endroit indiqué, nous nous garons et nous nous trompons de chemin pour les rejoindre. Nous prenons un sentier qui devient de plus en plus embroussaillé, de moins en moins visible et avec des crottes d'ours et des traces d'orignaux de plus en plus nombreuses. Y'a pas de doutes, nous ne sommes pas au bon endroit et nous sommes un peu seuls dans le coin pour aller nous frotter aux bebettes!
Nous rebroussons chemin jusqu'à tomber encore une fois sur des français qui nous indiquent la direction opposée où a lieu l'animation.

Nous retrouvons nos troupes, mais une fois l'animation terminée. Ils ont pu voir des castors et connaître leur mode de vie grâce à une super guide qui au final reste un moment avec nous pour discuter de nos voyages et regarder nos véhicules. Nous lui avons posé la question  pour le sentier que nous avions emprunté auparavant par erreur. Il s'agit bien du territoire des ours et des orignaux. Et de nombreux photographes chasseurs de faune y vont régulièrement.
Il y avait parmi les autres participants à l'animation castors un couple français avec leurs 2 filles. Cécile est allée discuter avec eux et ça s'est terminé comme bien souvent avec les voyageurs au long cours. Nous sortons tables, chaises et apéros sur le parking. Nous faisons connaissance avec Caroline, Guillaume, Lauryne et Clara. Eux voyagent pendant 7 mois du Canada au Costa Rica en changeant régulièrement de mode de fonctionnement. Ils passent de la location de voiture avec bivouacs sous tentes dans les campings, air bnb.... et comme ici avec un camping-car de location. Ils ont un mastodonte de 13m prévu pour 7 personnes. Les enfants demandent s'ils peuvent le visiter et tout le monde grimpe à l'intérieur. C'est une maison, ni plus ni moins! Nous sommes au large même à 11 dedans!
Les enfants restent à l'intérieur pour une soirée pâtes et film et nous nous poursuivons nos discussions jusqu'à plus tard dans la soirée dehors sur le parking. Il est 22h, nos nouveaux compagnons vont rejoindre le camping qu'ils avaient réservé à quelques kilomètres de là et nous nous n'allons pas nous mettre en quête d'un bivouac à cette heure là. Nous restons sur place avec la famille Raclette Burger et tant pis si les gardes du parc viennent nous déloger, nous aviserons le moment venu si ça arrive.

La nuit a été tranquille, pas de visites, ni des gardes ni des animaux où alors ils ont été discrets!

Chacun reprend la route de son côté pour le prochain parc, celui de Gaspésie, dans les montagnes, en retrait par rapport à la mer.
Nous n'y resterons au final que très peu de temps, ce parc fait partie des parcs de Quebec et non des parcs nationaux et les règlements sont différents. 
Nous posons la question au centre des visiteurs pour savoir si nous pouvons emmener le chien sur les sentiers. 
Le guide nous répond "oh bon dieu, mais t'as l'chien dans l'auto?"
"Euh oui"
"Mais t'pas l'droit dans l'parc"
"Mais on peut le laisser dedans"
"Non t'pas l'droit"

Bon ok, pas de parc de Gaspésie pour nous, nous n'allons pas tricher et aller nous garer plus loin pour gruger. Ca nous dérange moins que si nous n'avions pas pu aller au Parc  Forillon par exemple. Nous aurions juste pu croiser des caribous ou des orignaux en plus d'un paysage un peu plus coutumier comme quand nous faisons des randos dans les Alpes ou les Pyrénées. Les copains que nous avons recroisés ont pu eux faire les randos, mais n'ont pas croisé d'animaux. Enfin pas dans le parc, mais ils ont vu un orignal en bord de route.

La suite du programme sera de redescendre le long du Saint Laurent avec encore un parc à voir et ensuite de prendre le ferry pour continuer sur l'autre rive en faisant des haltes jusqu'à la ville de Quebec. 



Les forêts qui commencent à rougeoyer dans l'automne naissant

1 commentaire:

  1. vous aller être des puits de sciences quand vous allez rentrer, c'est cool :)

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