jeudi 12 avril 2018

Larguez les amarres!


Direction plein sud vers le Rio Dulce.
Nous savons que cette route est correcte et nous n’avons pas hésité longtemps pour ne pas aller se frotter aux merveilleux paysages du centre du pays. Nous avons définitivement fait une croix dessus , en tous cas pour ce voyage là.

Nous coupons la route en deux et nous arrêtons au milieu d’une superbe forêt de pins à la Finca Ixobel à proximité de la ville de Poptun. Cette immense propriété, histoire d’amour d’un Américain
qui est passé et qui a posé ses valises ici il y a quelques décennies pour ne plus en repartir a tout pour plaire. Maintenant qu’il n’est plus, le flambeau a été repris par ses proches pour que son travail au sein de ce magnifique endroit perdure pour acceuillir voyageurs et locaux pour une nuit, quelques jours ou même un repas dans le très bon restaurant. Tout ici est basé sur la confiance, une petite fiche nous est remise à notre arrivée et c’est à nous de noter dessus nos consommations et en cas qui sont pris dans le petit local attenant à la cuisine toujours plein de victuailles et boissons. Un bel exemple qui semble fonctionner à merveille ! Nous avons tenté de faire une partie de ping-pong avec des petits Guatémaltèques, mais c’est rapidement devenu compliqué, ils jouaient plus avec la balle à la main qu’avec les raquettes et puis c’était mieux aussi à côté de la table ou dessous (rire).

Nous reprendrons la route vers le sud le lendemain matin avec des champs et des champs d’essais Pionneer (clin d'oeil pour les connaisseurs), et avec d’innombrables charrettes tirées par des chevaux en plein milieu des routes, ou même mieux, un bonhomme chargé comme un sherpa avec un énorme monticule de bois sur le dos qui marchait à côté de son cheval. La notice n'était peut-être pas fournie avec!
Nous arriverons en fin de journée à Rio Dulce où nous poserons nos 4 roues à l’intérieur de la marina entourés par de multiples bateaux, des voiliers, des yachts, des petits, des gigantesques, des en cours de réparation et d’autres rutilants sous les coups de chiffons répétés à longueur de journée par les hommes en service à bord. 
Nous avons rapidement arrêté de compter le nombre de français que nous croisons dans cette marina. D’après ceux avec lesquels nous avons passé plus de temps, il y aurait en tout plus d’une centaine de bateaux français dans toutes les marinas et autres mouillages dans le coin. Bon nombre d’entre-eux restent ici à l’année, les bateaux sont ici protégés des cyclones par les montagnes environnantes dans le petit écrin qu’est le Rio Dulce, leurs propriétaires vont et viennent ou restent habiter sur leurs embarcations et rentrent en France de temps en temps. C’était fascinant d’écouter leurs anecdotes de piraterie ou tout simplement récits de voyages au long cours mais avec un autre moyen de locomotion. Comme par exemple ce couple français qui est resté en mer pendant 39 jours entre le Cap Vert et le Brésil dont 10 jours à l’arrêt complet sans vent et sans voir autre chose que l’immensité de l’océan autour du bateau. Nous les prenons pour des héros et pourtant l’humilité des marins revient toujours sur le devant, c’est simplement l’envie de vivre au rythme de la mer sans aucun héroïsme. Ils ont fait cette traversée sur leur ancien voilier de 9 mètres qu’ils ont revendu en Polynésie pour en racheter un plus grand ici à Rio Dulce. Partis de Lorient en 2005, ils naviguent sur toutes les mers au gré de leurs envies maintenant. Nous discuterons également un bon moment avec un autre français arrivé la veille par avion pour convoyer un grand voilier jusqu’en France, c’est un métier, son métier. Il a été envoyé par la famille du feu propriétaire dudit bateau pour le ramener à son port d’origine. Il est arrivé ici sans connaître moindrement le bateau, mais pour lui c’est comme changer de voiture, l’adaptation se fait tout de suite..... Euh là comme ça tout de suite, je ne le sentirais pas trop le truc! 
Et pour ceux qui envisageraient de voyager sur l’eau mais qui s'y connaissent autant que nous en natation synchronisée, il y a toujours possibilité d’apprendre sur le « tas » avec des gens comme lui qui peuvent au moins dégrossir la grosse couche d'ignorance de la navigation, même s’il nous a avoué préférer convoyer seul les bateaux.

En dehors de la Marina, la ville de Rio Dulce est une fourmilière géante, une artère principale ou se bousculent la foule, les tuk-tuks à la queue leu-leu, les poids lourds qui font un bruit assourdissant des voitures avec les klaxons enclenchés sitôt la clef dans le démarreur et tout le reste: en gros c’est complètement invivable ! Nous nous y aventurons tout de même en fin d’après-midi sur les conseils des français pour aller boire un cocktail dans un bar les pieds dans l’eau tenu par un européen.

Nous nous rendrons vite compte que c’est le QG de tous les marins du coin qui s’y retrouvent pour boire un verre ou manger les excellentes pizzas au feu de bois. Ca faisait tellement longtemps que nous n'en avions pas mangé des "vraies"que nous avions oublié comme c’est bon ! Nous faisons la connaissance d’un jeune Polonais venu s’installer à côté de nous, il voyage de bateau en bateau. Nous n’avons pas le temps de partager notre immense pizza avec lui, son taxi est arrivé, le chauffeur a verdi en nous voyant l’aider à entasser son bon mètre cube d’affaires à l’intérieur de la voiture, et tout était en vrac dans des petits sacs. Un chantier hors normes qui nous a bien fait marrer. Ceci-dit, il partait pour embarquer sur un nouveau bateau : Le Vagabond ! Il n’y aurait donc pas de hasard !?!


Entassement de canettes sur toit!


Nous mettons à profit notre journée du lendemain pour aller jusqu’à Livingston sur la côte Caraïbes à bord d’une lancha collective. Cette petite ville où la culture Garifuna est encore bien présente comme souvent du côté Caraïbes ne peut être rejointe que par voie navigable, soit par le fleuve comme nous le faisons, soit par la mer. Il nous faudra une bonne heure et demie pour y arriver, le pilote de la lancha profitant de l’aller pour nous faire visiter le Rio Dulce. Nous irons contourner le Castillo San Felipe de Lara avant de nous lancer à l’assaut du fleuve.










Sur ses rives se succèdent de luxueuses villas avec leurs propres pontons d’amarrage pour les (gros) bateaux et des petits hameaux de cabanes sur pilotis au dessus de l’eau habités par des familles Guatémaltèques. Le fossé entre ces 2 mondes est saisissant, d’un côté les immenses propriétés où nous ne voyons pas un cil bouger et de l’autre plusieurs générations qui vivent dans de minuscules cabanes avec le fleuve comme allié du quotidien, autant pour se servir de son eau douce que pour pêcher en naviguant à la vitesse de l’escargot sur de petites barques presque plates.
A écouter ce qui se raconte par-ci par-là, les grosses villas appartiendraient à de gros bonnets du narco-trafic qui seraient à leurs aises dans le coin entre fleuve et mer…. Nous n’en saurons plus et ne sommes pas avides d’en savoir plus. Nous restons à notre place et ne faisons que regarder les paysages qui nous sont proposés au fil de l’eau.
















Nous contournons l'île aux oiseaux avec la lancha.





Nous nous enfonçons dans la mangrove où vivent des familles dans ce milieu qui paraît pourtant bien hostile








Et enfin, nous ferons un petit arrêt pour profiter quelques minutes de sources chaudes. L'arrêt profite surtout au propriétaire du petit bar-restaurant installé ici. Il faudrait s'aventurer dans la jungle pour profiter des sources chaudes qui ne sont qu'un petit ruisselet qui se jette dans le fleuve ici.




L'arrivée à Livingston se fait avec une haie d'honneur des centaines de pélicans qui ont investi pontons et épaves qui sont là sûrement depuis des lustres sans que personne n'y touche.





Nous ferons un rapide tour du centre de la petite ville que nous ne trouverons pas spécifiquement attrayant. N’ayant pas trop de temps pour aller voir si la côte Caraïbes est plus attirante ici qu’au Bélize, nous ne pourrons que constater que ce n’est pas encore le cas pour les plages qui sont proches du centre. Encore raté pour le côté paradisiaque, zut, rezut et crotte-crotte-crotte !!!

Nous irons prendre le traditionnel plat du jour dans un petit restaurant de la rue principale : poulet roti accompagné de riz et de frijoles, enfin en ce qui me concerne puisque monsieur Babzouk prendra quant à lui des huevos rancheros qui sont habituellement servis au petit-déjeuner depuis notre arrivée au Mexique.

Un groupe de musiciens avec une danseuse viendra jouer quelques morceaux à l’entrée du restaurant et tendre son bonnet aux couleurs de la Jamaïque pour récupérer quelques quetzals avant de s’en aller vers un autre restaurant avec d’autres touristes. C’était assez chouette ce qu’il ont joué, chanté et dansé. Enfin ça l’était jusqu’à ce que ça nous gonfle encore une fois lorsque l’un des gars du groupe est revenu à la charge près de notre table pour nous chanter à capella une autre chanson. Nous l’avons écouté avec intérêt en pensant encore une fois naïvement que c’était une transmission de sa culture jusqu’à ce qu’il nous réclame 20 quetzals à la fin. La somme que nous ne donnerons pas représente peanuts, mais c’est ce principe de nous prendre pour des distributeurs sans code à composer qui nous saoule vraiment. Et le message que nous sommes venus pour les voir et les découvrir dans leur propre pays ne passe absolument pas, seul l’intérêt financier amène les locaux vers nous. Nous avons refusé jusque là et ce depuis le Mexique de nous rallier sous la bannière des Européens, Américains du Nord et autres qui vivent là une partie du temps depuis pas mal d’années qui prétendent que leurs amis locaux se comptent sur les doigts d’une main, les autres ne voyant que de l’argent frais à récolter au moindre prétexte. Mais plus les jours passent et plus nous nous sentons pris dans le même étau. Nous nous répétons au fil des articles, mais les rapports sont avant tout pécuniaires avant d’être humains. Et à quelques rares exceptions près, tous les amis voyageurs que nous rencontrerons en Amérique Centrale auront ce même sentiment d’être un porte-monnaie où tout et n’importe quoi est prétexte pour venir y piocher. Mais qui sont ces exceptions ? Tout d’abord les nombreux cyclistes au long cours que nous croisons pendant le voyage et qui eux ont avant tout des relations humaines avec la population locale qui accueille au sein des familles ces héros qui parcourent leur pays sur leurs vélos. Tous refusent d’être pris pour des héros, mais ce sont bien eux les aventuriers et nous les voyageurs confortablement installés dans nos fauteuils à regarder défiler le bitume (quand il y en a) sous nos roues à l’ombre de notre climatisation. Des voyages différents en tous points !
Et puis il y a les voyageurs comme nous qui se sont accommodés des moeurs locales vis à vis des « gringos «  que nous sommes et qui distribuent petites pièces et autre friandises au fil du voyage en ayant mis loin derrière leur mémoire la notion de « vache à lait ». Laquelle des deux configurations est idéale ? Très certainement aucune, mais les seconds en annihilant ce qui est pour les autres une pierre d’achoppement au voyage profitent plus du côté positif.
Bref, j’ai constamment l’impression de m’éterniser toujours sur le même sujet, mais en même temps c’est ce qui revient inlassablement au fils de nos journées lorsque nous sortons de nos endroits de bivouacs.
Bon maintenant il faut que ça cesse, hein! Nous venons avec l'envie de vous découvrir et puis après vous viendrez nous voir en France, hein, dac? On fait comme ça alors!















Séchage du poisson sur parking!


En attendant, nous sommes toujours à Livingston, et avons rendez-vous avec notre lancha sur le port vers 14h30 pour revenir à notre point de départ. Le retour se fera rapidement, nous ne ferons pas les détours pour visiter les méandres du fleuve. A lui seul, le voyage sur le Rio Dulce mérite de s'y attarder!












A bientôt pour la suite de la route avec un retard dans l’écriture plus grand que le Mont Blanc !!

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